Isabelle Paré, 24 août 2018 (Le Devoir) Ici, on se brûle la langue régulièrement. La partie de sumo à laquelle se livrent le français et l’anglais sur le ring cosmopolite de Montréal figure toujours, pour tout politicien sensé, en haut du palmarès des sujets à fuir comme la peste en campagne électorale. Là où la polémique du « Bonjour-Hi » est devenue une affaire d’État, le sujet fait invariablement exploser le baromètre de la sensibilité collective et fait l’effet du poil à gratter sur le délicat équilibre du vivre ensemble. Mieux vaut donc tourner sept fois l’organe de l’élocution avant de causer diversité linguistique. Or, il en est que la dualité linguistique n’égratigne pas, ou prou, voire ennuie comme un cheveu sur la langue par sa banalité. Toute une délégation d’ici et d’ailleurs converge cette semaine vers Montréal, une légion entière de poly-amoureux des langues qui auraient volontiers vendu leurs chemises pour être nés aux temps bibliques et se faire citoyens de la tour de Babel. Nouba polyglotte Montréal accueille ces jours-ci le LangFest, un rendez-vous qui réunit pour la première fois dans la métropole des polyglottes du monde entier, des athlètes de la diphtongue qui collectionnent les langues comme d’autres les…